Décorticage de l’émission du dimanche 5 décembre 2021 sur FR3 Limousin :
Pour être transparent Faite et Racines a été invité par FR3 mais après concertation nous avons estimé qu’il était plus judicieux de proposer d’inviter des représentants du RAF (Réseau des Alternatives Forestières-) pour ce sujet. RAF est un réseau, qui fédère plusieurs initiatives, plusieurs acteurs, associations (dont FeR). Il nous a semblé être un interlocuteur parfait pour proposer une autre approche et une autre économie.
On vous propose une lecture absolument partiale …
Les invités étaient Gilles de Boncourt DG d’Unisylva, Mathilde Joslet patronne d’une scierie familiale en Charente, Eric Dumontet du Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest, et Hans Kreusler gestionnaire forestier en Creuse et sympathisant du RAF.
Ont été abordés :
- Les pénuries de chêne dans les scieries françaises
- Le décalage entre prix et qualité (exemple du douglas)
- Les fluctuations de cours (le chêne était 2 fois plus cher dans les 80s – actuellement, on a retrouvé uniquement le cours des 90s) et leurs raisons
- Après toute une discussion autour des questions économiques, Hans Kreusler aborde enfin l’idée que la production de bois n’est pas la seule finalité d’une forêt (chasse, carbone, biodiversité etc), et le temps long sur lequel travaille un gestionnaire forestier. « Miser tout sur une seule essence est un risque considérable ».
- Et hop ! on revient vite sur les questions économiques en plaçant le mot « environnement » de temps en temps dans le blabla, des métiers formidables, modernes, super attractifs avec tout plein d’informatique, super bien payés, à bord de grosses machines, avec des évolutions de carrière qui font rêver, bien loin du bûcheron avec sa chemise à carreaux et sa hache sur l’épaule qui n’existe plus, donc franchement on ne comprend pas pourquoi il n’y a pas plus de candidats pour les métiers de l’exploitation forestière.
- Et Hans disparut pendant un bon moment du débat après sa brève et fulgurante intervention…mais ouf ! il revient enfin en piste pour dire que, dans le métier, il fait la distinction entre « ceux qui se salissent et ceux qui ne se salissent pas », déplorant que l’image de ceux qui se salissent soit négative. Il ironise sur les abatteuses climatisées, et précise qu’en Limousin, les bûcherons existent encore, sont extrêmement mal payés, et qu’ils ne voient pas du tout l’effet de l’augmentation des prix sur les marchés, mais au contraire une pression encore plus forte. Travail non considéré comme pénible pour les droits à retraite. A été lui-même bûcheron.
- Pour finir, bonne surprise, un petit doc de 2 minutes sur le rassemblement de la montagne limousine à Meymac, avec interview de représentants de l’Aubraie et de Canopée. Gilles de Boncourt est génial, il ne parle pas de « coupe rase », mais de « coupe de lumière » !! « On n’a pas pu prouver qu’une coupe rase tue l’écosystème… » Hans fait une jolie litote en disant qu’il n’a pas tout à fait le même point de vue. Parle des 200 ans nécessaires pour qu’un chêne atteigne sa maturité, du rôle social de l’arbre dans son environnement.
- ET VOUS SAVEZ QUOI ? 10 minutes avant la fin, la journaliste lui demande ce qu’il pense des initiatives citoyennes comme celle de Faîte et Racines. Avec illustration à l’écran par le petit film de FER où l’on voit nos héros préférés se promener et scier, Hans dit que c’est ça qui le passionne, que c’est exactement ce qu’il faut faire. Du coup, mille bravos, on était là sans y être !!
- Comme on est entre gens de bonne compagnie, Gilou et Riquet rebondissent en disant que c’est formidable et que ce qui fait la force de la forêt française c’est sa diversité, il faut de tout et ne pas opposer les différents modèles, et que les machines représentent un progrès social et que c’est justement dans le souci de l’humain qu’on les a développées, et que tout ça est quand même complexe et qu’il ne faut pas traiter le sujet de la forêt sous l’angle de la sensibilité. Wouarf !
- En parlant de complexité, le problème du changement climatique est réglé en 5 minutes à la fin, par Gilou, qui, avec sa belle chevelure blanche et son élégant foulard en soie, a un peu de mal à laisser parler les autres sans les corriger du haut de son savoir. Mais Hans ne se laisse pas faire, il est bien, Hans ! Il revient à la biodiversité, et toc Gilou, et paf Hans…et la journaliste dit « c’est fini ! ».
A vous de vous faire votre opinion !